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Va donc, hey !... Tabernak...
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Va donc, hey !... Tabernak...
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21 avril 2010

Dans un trou... de luxe

Ce soir, pot de yaourt, factures et fiches de lecture. Fini de niaiser, mon contrat au CRI (de désespoir) s'est achevé en fanfare aujourd'hui, avec une assemblée générale annuelle plutôt musclée du neurone. C'est ce genre de journée enrichissante, terrrrriblement fatiguante, stimulante et en même temps un peu déprimante, pour qui n'est qu'au tout début début d'une carrière universitaire toujours hypothétique et sans cesse repoussée. Cernés par les cerveaux les plus branchés de la Faculté, si c'est pas du Québec, les petits étudiants de l'intermédialité font profil bas. M'enfin, on n'est pas tous obligés d'être Wittgenstein.

Avant de remettre le nez dans mes papiers, administratifs, financiers et documentaires, une mise à jour de la situation s'impose. Quand je relis les mois précédents, je me dis que je vous dois bien ça, du moins aux irréductibles que ça peut encore intéresser.

Je suis donc partie de l'appartement de Thierry, le Français en mission massothérapeutique en Thaïlande, et lui revenu dans ses pénates. A présent, après avoir vraiment cru finir sous le pont Jacques Cartier, je suis en stand-by, c'est-à-dire en sous-location chez un monsieur très respectable dans le quartier Villeray, près du métro Jarry et pas loin de mes premières amours, le marché Jean Talon, pour un seul petit mois.

Qu'est-ce que je fous là me direz-vous ? Et surtout pour un temps ridicule à force d'insignifiance ?? L'histoire vaut la peine d'être contée.

Mes parents sont venus pour un petit séjour à la fin du mois dernier, dans le but avoué de m'aider à trouver un nouveau logement et à y emménager, plus que pour une villégiature qu'ils auraient certes mieux méritée. Recherche de crèche intensive, donc, et peu de temps pour parvenir à un résultat, bien que j'eus préalablement défriché le terrain. A quelques jours du 30 mars, date fatale, panique : pas trouvé le moindre trou où me nicher pour l'arrivée plus qu'imminente du printemps !! Trop grand, trop cher, trop sombre, trop loin, pas assez bien. Un seul huis potentiel avait retenu mon attention : celui de mon ex-metteuse en scène d'Albertine, en cinq temps, situé au métro Henri-Bourassa, au nord, autant dire à l'autre bout du monde. Mais de tous ceux que j'avais vus, c'était clairement celui-là qui me plaisait, et je me mis à le convoiter de tout mon coeur. Petit hic : la donzelle, charmante mais un peu pressée de refourguer son appart, l'a sous-loué à un couple pour le mois d'avril ! De plus, pour avoir accès au Graal, il faut remplir les conditions d'une enquête de crédit. Pour quelqu'un qui, par ses revenus, se situe en-dessous du seuil de pauvreté, c'est du gâteau. Au voleur, à l'assassin, branle-bas de combat, on se remet à chercher, soit pour plus tôt, soit en cas de refus du proprio. On visite, on compare, on argumente pro et contra. On fait des erreurs. On s'emballe, puis on se rétracte. On s'engueule. On perd la tête et la santé. Finalement, la réponse de l'enquête arrive : acceptée ! Joie et sentiment de délivrance indescriptibles. Fissa pour un plan d'attente, car l'appartement ne se libère qu'en mai, rappelons-le. Mais cette fois-ci, le vent a tourné, la chance nous sourit. Mon père, revenu de ses émotions, déniche la  copine du monsieur respectable, soeur d'une de ses collègues, immigrée depuis 25 ans.

Et voilà.

Maintenant, je suis parquée à fond de câle, dans un sous-sol froid et humide, où les cloportes ou je ne sais quelle bête (et ne veux pas le savoir !!) courent en liberté. Rassurez-vous, je suis libre (aussi) de mes mouvements, et j'ai heureusement accès à l'étage du monsieur susdit, et à la partie bourgeoise de la maison. Ca se passe bien, René (c'est le nom du monsieur), sa fille Rose-Marie, qui habite en haut avec son mari Elvis, un Strasbourgeois arrivé il y a bon nombre d'années itou, leur chienne Mamita, sont très gentils, accueillants et discrets comme tout. En fait, je pourrais rester des mois ici...mais pas dans la même chambre ! Vraiment, j'ai bien hâte d'intégrer mon réel sweet home, celui que je dois encore aménager, mettre en règle avec les autorités et ma conscience, décorer, bref, rendre vivable. Mais je garde cela pour un prochain chapitre, après le 1 er mai (mais siiii, j'vais écrire).

Pour l'instant, je profite donc des bas-fonds de la noblesse... Bon, bien sûr j'exagère, c'est vraiment pas un si mauvais plan que ça. Et je suis pour la première fois au coeur d'une famille québécoise, position idéale pour observer et réfléchir... L'appart est superbe, très salle d'expo, ça mériterait que je fasse quelques photos (bientôt dans la colonne de droite, promis). Spacieux, lumineux, mais pas tout à fait le genre que j'appelle chaleureux. On sent que son propriétaire n'y est pas souvent. René est tout le temps à l'extérieur, au boulot ou chez sa blonde. Au moins je ne risque pas de lui marcher sur les pieds. A part ça, c'est le type très sympa mais très timide, un peu ours ! Il n'a pas l'habitude de sous-louer en fait, ma présence doit le perturber dans ses marques, même s'il a l'exquise délicatesse de n'en rien montrer. Peu à peu, on s'apprivoise (moi aussi j'ai ce côté ours !), et c'est facile car il est vraiment pas "bossant", comme on dit ici.

J'ai même été invitée à l'anniversaire de sa fille Rose-Marie, une littéraire comme moi étudiante en maîtrise à l'UQAM, qui vient de fêter ses 27 ans ! Il mange peu chez lui le papa, mais quand il fait la cuisine, c'est pour toute la smala ! Du coup, j'ai rencontré les autres enfants, son aîné Charles-Antoine, qui lui ressemble graaave au niveau physique, mais en plus bavard, sa cadette Fanny et son chum. Réunis autour d'une blanquette de veau pas pire pantoute, la petite famille se retrouve avec bonheur et n'hésite pas à parler de leurs souvenirs, de leurs rires, de leurs histoires, d'évoquer à demi-mot leurs douleurs aussi... Ca me fait tout drôle d'être parmi eux, mais en même temps, ça me fait du bien. J'ai un peu l'impression d'être une espionne, mais je me sens quand même assez à l'aise pour y aller de ma blagounette de temps à autre. Bien sûr la conversation tourne bientôt autour du rapport France-Québec, avec moi dans le collimateur, mais aussi parce que deux d'entre eux sont en couple avec des compatriotes ! C'est marrant que, des siècles plus tard, ils nous en "veulent" toujours de les avoir abandonnés aux Anglais. J'aime cet esprit revanchard, pas loin du français d'ailleurs ! mais est-ce qu'ils en auraient été plus contents au final, si on était resté ? Qui dit que la France avait assez d'envergure "psychologique" pour se penser en tant qu'empire au niveau de la langue, de l'impact culturel profond, et non au seul niveau colonial ? Qu'aurions-nous fait d'un si grand potentiel ? Si l'on se réfère aux dirigeants actuels chez nous, me semble que le Québec aurait sombré dans le marasme...

Mais j'arrête ce message ici, pour cause de longueur indécente. D'autant plus que vous n'êtes plus habitués à ce type de page à rallonge. Essayons d'éviter l'indigestion, pour vous du moins !

Next time, je vous narrerai les fantastiques chevauchées et progrès incroyables de nos Francs-Parleurs, qui ont connu de nouvelles péripéties, de saisissants climax et anticlimax, de palpitants coups de théâtre !

Vous pourrez aussi vous taper le récit, frappé d'un clavier bien tempéré, de ma vie en solitaire pour de vrai, et des bouleversements neurochimiques que ce changement de biotope inculque en moi.

Et toujours, les partys, les rires, les poutines, les haines (elles sont peu nombreuses), les tours de gigue et autres passementeries, qui ponctuent agréablement ce blog, pour le plaisir de tous les lecteurs, de 7 à 77 ans !

Bonne nuit à tous, et soyez sages.

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Commentaires
S
Contente de te lire sur le blog! Pour moi c'est une nouvelle expérience langagière. Nous en parlions un peu hier soir. C'est un type d'écriture française que tu me fais découvrir. J'apprends une tonne d'expressions. Mon rôle est drôle: je me sens à la fois extra muros et intra muros, une montréalaise qui ne l'est pas et lit le blog d'une française adressé à ses amis français. Je suis pas non plus française. Mon lieu de lecture est dans le territoire neutre entre deux frontières.
P
Super, génial, charmant, merveilleux ...!!!<br /> Ah mais quel plaisir de te lire à nouveau ...<br /> Et quelle belle page !! j'adoooore !!<br /> Pour avoir partagé ce moments avec toi, je retrouve là toutes les émotions et les images de 3 semaines mouvementées d'un séjour à Montréal. Ton style a encore progressé et c'est tjrs un réel plaisir de te lire ! (à quand la publication d'un bouquin ?) <br /> Dans 1 semaine tu t'installeras dans ton "chez toi" pour une année et plus ... Après les derniers aménagements, tu pourras enfin "poser tes valises" pour un repos bien mérité. C'est indispoensable !! ces semaines t'ont épuisée même si tu ne le sens pas encore trop. Et puis tu pourras te consacrer à ta pièce et ... à ta thèse !! huuummm ? s'agirait d'y penser fort ... non ?? <br /> Alors en attendant la suite, on t'embrasse très fort poussin, ainsi que les amis du blog qui vont enfin avoir de tesnouvelles<br /> A tantôt notre enfant à nous !!!
G
Alors écoute ma Tatiana, ça vaut le coup d'attendre tes écrits ! vraiment la, c'est très fort, quelle vie incroyable, que de rebonds dans ton existence en ce moment ! essaye de garder le cap, et vraiment si tu peut faire des clichés de cette endroit pour le moins pittoresque, je suis preneur ! a bien vite pour de nouvelles aventures, et gros bisous a papa et maman !
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