Albertine, de 9 à 99 ans
Je sais. Un mois et demi de silence, y a de quoi désespérer les meilleures volontés de jeter ne serait-ce qu'une pupille sur les pages inlassablement vides de Koudonc.
C'est pas que je veux me faire plaindre, mais cette année n'est pas la plus simple de ma vie. Ballotée d'un appartement à l'autre, engagée dans plus d'un projet plus ou moins barbare, courant après le temps, ma thèse toujours à écrire et mon argent, je n'ai plus vraiment le loisir d'étaler mon vague-à-l'âme bi-hebdomadairement comme j'aimerais pourtant bien le faire !
Cependant, je dois signaler aujourd'hui la tenue de gala d'un événement (de gala), les trois représentations de la fameuse pièce de Michel Tremblay, principal chantre de la dramaturgie québécoise contemporaine. Albertine, en cinq temps, ou la plongée dans les souvenirs d'une femme arrivée à la fin de sa vie, "dans une chambre vide qui sent pas bon". Elle se revoit à 30, 40, 50 et 60 ans, jeune mère déjà amère, femme farouche et révoltée, femme qui se bat pour sa liberté envers et contre tous, femme brisée submergée par la culpabilité. Albertine, à 70 ans, cherche à se réconcilier avec son passé, s'y penche, au risque de s'y noyer, "pour vérifier... et pour recommencer à choisir".
Ce soir, et les deux autres suivants, je les dédie à mes deux grands-mères, surtout à celle qui est si loin et qui me manque. C'est à elle que j'ai pensé en particulier en composant ce personnage de petite vieille dame douce et forte à la fois, que je suis fière de porter sur scène. Mamia, je t'aime.