Ottawa tomawak tomawak hoh hoh !

Hugh la compagnie !

vous pensiez être enfin débarrassés de moi ? Vous vous réjouissiez de ne plus devoir lire des posts interminables et tellement abscons que Joyce n'aurait pas mieux fait ? Ingrats que vous êtes ! Grâce à moi, vous pouvez perdre du temps au bureau sans vous faire coincer par le patron tout en vous cultivant, et en apprendre de vertes et de pas mûres sur les us de la Belle Province, l'un des fiers bastions de notre langue au pays des Inuits !

Même Ottawa, au nom si évocateur de peuplade amérindienne, est entièrement bilingue; lieu de résidence du gouvernement canadien, il se doit de répondre aux exigences de tous ses ressortissants, donc garder une oreille attentive et polyglotte aux doléances de nos irréductibles cousins gaulois d'Armérique. C'est du moins ce que m'a dit Véro, ma "cousine acadienne", venue dans la Capitale fédérale internationale y retrouver sa (vraie) cousine et poursuivre le sommet des Jeunes Francophones du monde entier commencé tambour battant une semaine plus tôt à Québec. Las, la visite du Parlement, vaste corps d'édifices aux allures great-britaines, avec une Tour de la Paix genre Big Ben, se fit en anglais. On ne peut pas refaire le monde en un jour !

J'ai en effet profité de ma belle "semaine de lecture" à la fac pour lire... les tarifs de train pour Ottawa ! Enfin des petites vacances, après tout ce stress du déménagement, des démarches à boucler, des achats, de l'installation, de la rentrée universitaire... Mine de rien, j'étais bien fatiguée par toutes ces émotions diverses et variées ! Donc, au premier prétexte trouvé, c'est-à-dire la venue de mon amie de Strass à deux heures de chez moi, je sautai dans un train et suivis le chemin de fer jusqu'au siège de Harper (pour ceux qui n'ont pas la télé, c'est notre ancien PM, réélu le 14 octobre, sous les cotillons et les feuilles mortes; au fait, j'ai une bonne mauvaise nouvelle : dans notre secteur, à Papineau, c'est... Justin Trudeau qui a été élu !! si, si, le minet à tronche d'énarque parachuté chez les artistes, le libéral de gauche, c'est lui que les bobos du coin ont voulu comme député, contre le Bloc québécois... comme quoi lentement mais sûrement la cause se perd...).

Les amis, quelle excitation de prendre le rail vers une destination nouvelle, dans un pays quasi inconnu, et de dévorer de mes yeux grands ouverts le paysage automnal qui défile doucement !! Je jubilai intérieurement !!! Je me sentai une âme d'aventurière à la petite semaine !!!! Il faisait tellement beau ce samedi-là, les épis de blés rutilaient sous le soleil, comme autant de pépites d'or qui attendent la main de l'avare... Pour le folklore, il faut savoir que le train, ici, c'est comme l'avion : même file avant l'embarquement, mêmes annonces du "pilote" de wagon, même service de thé, café..., mêmes retards. Vingt minutes après l'heure prévue d'arrivée, je débarquai, avec mon petit sac à roues gentiment prêté par Aurélie pour me faciliter le voyage, sur le tarmac de la gare, et me jetai dans les bras de Véro et de sa cousine, venues m'accueillir. L'après-midi était déjà bien entamée, et les filles avaient des courses à faire, donc on a sillonné la ville à la recherche de leurs denrées. J'ai moi-même fait pas mal d'emplettes, notamment en récompense d'un certain jeu débile proposé par une demeurée de première sur ce site-même. Le soir, après un repas léger (encore un viet, décidément ils ont envahi le Canada), et une visite chez un autre cousin, qui vit, avec sa femme et leurs trois adorables canailles, tout excitées par l'approche d'Halloween, dans une maison immense et un quartier plutôt huppé, nous sommes parties à la rencontre de plusieurs de leurs amis, à Véro et Renée, dans un bar près de chez notre hôte appelé le Pub Italia. Etrange taverne, bâtie avec des éléments de décor d'église, vitraux, stalles, tabernacles (!), bas-reliefs de chemin de croix, entre lesquels des bières du monde entier sont servies. La soirée s'est prolongée chez Renée, autour d'un cendrier improvisé dans un verre d'eau (je sais pas comment font les fumeurs pour supporter ça !) et des alcools de toute provenance qu'elle renferme jalousement dans son bar... spiritueux magiques, qui délièrent les langues et les tabous sur l'identité et la culture. La conversation était intéressante, je voyais ça d'un oeil un peu externe car pas bien au fait de tous les débats et péripéties de la vie politique, mais je pouvais justement garder ainsi une certaine fraîcheur d'esprit. J'ai pris conscience de combien ces jeunes étaient tiraillés entre l'anglais et le français, quoi qu'ils en disent, et tout fiers qu'ils soient de leurs origines acadiennes. C'est sûrement un sentiment proche des victimes du racisme, de celui des descendants d'esclaves, et de tous ceux issus d'un peuple opprimé, ce mélange de colère, voire de rancoeur, de volonté de s'en sortir, de s'affirmer en tant que soi, et de peur, d'enfermement dans des repères communautaires, de certitude d'être à jamais incompris. Bref, voilà une soirée plutôt "weird"... J'ai abandonné vers 7h30 du mat' pour aller rouler dans le super queen bed de Renée, quand Véro et François ? Patrice ? Gérard ? bah j'sais plus son nom, en tout cas un collègue de Véro membre d'une autre asso de jeunes francof', se sont lancés dans un jeu de fin de partie encore plus con que les miens : téléphoner à leurs potes, puis à des numéros inconnus pour laisser des messages absurdes...

Evidemment, le lendemain, réveil difficile et grincheux... Mais, une fois debout, un bon chinois, ça ne se refuse pas ! Au début, j'avoue, j'ai été un peu surprise quand Véro m'a sorti à brûle-pourpoint : "Avec Renée, la tradition, le dimanche matin pour le brunch, c'est d'aller au dim sum !" Mais en y réfléchissant deux minutes, les Allemands mangent bien de la mortadelle au petit déj'... D'autant plus que c'était, il me semble, la première fois que j'allais dans un vrai resto de dim sum, avec les charriots qui se baladent entre les tables, concept moins répandu en France. La salle était bondée, toute l'Asie en Outaouais était là, et on a retrouvé un ami de Renée d'origine chinoise aperçu au pub la veille, entre deux bocks de jus de pomme. C'était vraiment bon, vraiment gras, bref, chinois. Le canard laqué était particulièrement divin, fondant dans la bouche pas dans la main. Les deux cousines ont voulu retourner se piauter à la maison, je n'osais pas dire non, et d'ailleurs moi aussi la sieste a rechargé mes batteries. Pour profiter du beau temps, nous avons fait un tour à pied, sur le grand marché couvert, et dans le centre, avec tous ses bâtiments administratifs, ses sièges fédéraux, ses ambassades... J'ai mitraillé, chaque coin me semblait un tableau. Nous sommes montées au-dessus de la ville, vers le canal Rideau et ses écluses (comme à Strass !), pour contempler le coucher du soleil sur la colline du Parlement... Mes guides attitrées m'ont tout expliqué ce que je voulais savoir, avec la plus grande patience et la plus grande gentillesse ! Les avantages du circuit avec l'habitant... qui va voir d'autres habitants, 'achement plus friqués ! j'adorais mater à travers les fenêtres dans les beaux quartiers résidentiels à Paris, mes deux copines aussi ! du coup nous n'avons pas résisté à faire un détour par le quartier chic et boisé de Rockcliffe, histoire de viser les baraques de ouf (dont celle de Harper, adulé par Véro...), avant de nous sustenter à "The Works", la carte de burgers la plus longue de la cité. Ils servent les milk shakes dans des cups doseurs, les onions rings sur une immense brochette verticale, et les hambourgeois dans des petits caissons de fer, c'est l'fun !

Le lendemain et dernier jour, Véro et moi étions bien motivées (et enfin en forme) pour aller au Musée de la Civilisation, situé à Gatineau, de l'autre côté de la rivière. Le temps n'était pas avec nous, on aurait dû se méfier, mais c'était pour s'enfermer trois heures dans un musée de rêve, alors haut les coeurs ! Hélas, cornegidouille et triples buses que nous sommes, le musée était fermé les lundi !!! Amères, mais pas déboutées pour autant, nous sommes retournées dans le centre, pour quelques courses, et cette fameuse visite en anglais du Parlement. Mais la journée avançait, et il fallait penser à revenir à Montréal ! Le car était la meilleure solution, adoptée à la majorité absolue. Arrivées à 18h20 (c'est précis, et le car était on time, lui) à Berri-UQAM, le centre de dépôt des touristes, j'ai eu à peine le temps de sauter dans mon métro pour aller à la lecture de ma pièce préférée (j'ai pas laissé tomber, on assume le Québec jusqu'au boutte) dans l'atelier à un bloc de chez moi. Véro quant à elle est partie directement chez son amie à Iberville, pas loin de Jean Talon non plus. Elle était vraiment tannée, à ne pas fermer l'oeil ou presque depuis une semaine et demi... Enfin, je retrouvai la home sweet home à 22h, le ventre vide. Heureusement, les parents d'Aurélie, adorables, avaient préparé un ragoût délicieux, que nous avons partagé Auré et moi en rentrant de répéts !

Voilà, fin du week-end en Outaouais, et début de la semaine de congés... Ca me laisse du temps pour écrire et rattraper le retard...

See you !      

Comments

[dav]

Ah Ottawa, Gatineau, en te lisant, plein de souvenirs me reviennent. C'était top. Je suis content que tu puisses voyager et en profiter un max !!! ;)
Bisous

[pôpamôman]

C'est toujours un réel plaisir de lire les descriptions hautes en couleurs de tes journées québécoises ...
Ce week-end en Outaouais était encore un régal !
Vivement la semaine prochaine que nous découvrions la suite de tes "aventures"

[gallet.olivier]

coucou ! je suis de retour ! et je voulais effectuer cette rentré majastueuse sur un nouveau texte ( car je n'ai pas eu le temps de rattraper mon retard de lecture ) je suis content de constater que tout va bien ! je remercie l'ensemble du blog pour les petit mots d'encouragements ! et donc pour demmarer ce retour je te souhaite un exellent week-end ! énormes bisous et cette fois a " lundi " sur !!!