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Va donc, hey !... Tabernak...
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24 septembre 2008

Expériences aux frontières du réél

Quelle journée les amis !! je suis rentrée à 22h45, après 6 heures intenses de séminaires, je suis vidée, "écoeurée" comme on dit au Québec, mais je continue à écrire ! et à veiller (n'est-ce pas Mamie Aurélie ?, qui pour une fois accompagne un peu mon insomnie... sauf qu'elle est obligée ces temps-ci, rapport à sa prochaine pièce) ! N'est-ce pas surhumain, titanesque, et extra-sensoriel (parfois, je dis vraiment n'importe quoi) ?

Les "expériences-limites" ont d'ailleurs commencé hier, alors que je faisais, à la nuit tombante, un vrai premier tour de bloc depuis mon arrivée, oh juste une ballade de plaisance, mais cette fois-ci c'était vraiment dans le but d'errer sans but, complètement au hasard des détours; tout d'un coup je me suis dit : "Eh! c'est pas mon quartier !". Et je suis censée vivre ici pendant un an! Faut juste le temps de changer de perspective...

A vrai dire, j'ai eu une étrange impression, que j'appellerais le frisson du déracinement, ce mélange de sentiments bien caractéristique de l'exilé, entre terreur et témérité, solitude et curiosité dévorante, exaltation et amère euphorie : j'étais là, à marcher dans l'air fraichissant du soir, les poings dans mes poches serrés, ma veste en velours côtelé aussi devenait idéale, j'allais sous le ciel Muse et j'étais ton féal, oh la la que d'amours splendides j'ai rêvées... Hum, hum. Excusez-moi. Depuis que je suis livrée à moi-même, je deviens facilement lyrique. Je divaguais donc (encore !) dans les rues, au gré des tournants, la lumière faiblissait peu à peu; dès que je m'éloignais de la rue Saint-Denis, la plus animée du quartier, et peut-être même de Montréal, je tombais dans une voie plus résidentielle, où régnait un calme tout provincial. Horreur ! folie ! Quelle idée d'aller se terrer dans un trou aussi paumé, plus large que celui de mon unique culotte (bien, je vois que vous suivez), tandis que tu vivais dans la Ville-lumière me direz-vous ! Certes, Montréal est une ville mixte, mi-trendy, mi-campagne (les Montréalais ont une vraie conscience écologique comparés à nous autres), à l'heure de New-York et d'Ajaccio, et moi qui ne jure que par les capitales à haut intérêt culturel, je devrais dépérir et m'étioler comme une plante privée de soleil ! Ben non, non seulement parce que ça bouge vachement niveau culture, sorties, etc., mais aussi grâce au côté pépère, petites maisons avec escalier extérieur (faudra que je mette une photo de la façade de mon immeuble, je ne crois pas l'avoir fait), jolie vie de voisinage et tout. A l'heure où je suis passée, les appartements s'allumaient peu à peu, et j'ai pu voir les secrets d'alcôve... enfin les intérieurs quoi, exercice que j'adore pratiquer où que je sois. Ces sources de lumière, qui m'arrivaient quelque peu étouffées, diffuses dans l'air bleu du soir, exerçaient sur moi un appel magique; et j'étais comme envoûtée, je continuais à avancer d'un pas vif, pressée par l'obscurité, la fraîcheur de l'air, mais surtout le désir de rentrer dans un lieu clos et sûr, sans pouvoir détacher mes yeux des fenêtres mystérieusement entrouvertes sur la vie des autres, happée par les faisceaux de chaleur qui me forçaient à ralentir le pas. Une sorte de vague-à-l'âme indéfinissable, de nostalgie et en même temps de bonheur d'être là à ce moment, m'envahit. Sensation sur le fil du rasoir, très difficile à décrire (j'espère que ça va pour vous !), mais tellement enthousiasmante ! On regrette d'être loin des siens, mais le présent est si fort, si plein de possibles, si épris de liberté, qu'on ne peut ressentir de tristesse ni de douleur. Moment éphémère aussi, toujours dans le basculement, la remise en cause, de soi surtout.

L'entre-deux, justement, l'une des définitions multiples et croisées de l'intermédialité. Le cours est vraiment extraordinaire. Il m'ouvre les yeux, me confronte à des problèmes jamais abordés dans mes études précédentes, renouvelle mes réflexions. Je ne suis qu'au début d'un long chemin, que j'emprunte résolument avec beaucoup d'espoirs. Jusqu'ici j'ai fait des études "classiques" dans tous les sens du terme, autant du point de vue du contenu que du contenant, des Belles-Lettres que de l'épistémologie. C'est toujours un plaisir de "happy few" de travailler ainsi, mais il manquait un "truc" : le rapport à l'éphémère, au nouveau, au "non défini" et au "à définir", au mouvement et à la caducité des connaissances. C'est passionnant, un peu terrible, et certainement... comment dire ? "accomplissant" ? oui, ce serait un bon mot, s'il n'en existe pas d'autre. Et puis le champ du rapport de l'homme aux médias est si vaste, si peu exploré encore... et on a si peu de recul par rapport à eux ! c'est ça le "truc" carrément bluffant pour moi : pour une fois je m'intéresse à des choses qui sont en train de se faire aujourd'hui, et non il y a vingt-cinq siècles ! et ça pose des questions troublantes : comment analyser un phénomène qui nous est si proche, en est-on simplement capable ? Dans quelle mesure les transformations qu'impliquent les médias sur l'homme d'une part, le bouleversement de notre rapport au monde et à notre façon de le penser à travers la prise de conscience de ces changements d'autre part, remettent en cause notre savoir ? ou même la possibilité de savoir quelque chose à propos de nous ? ou à propos des objets qui nous entourent ou que nous avons créés ? Alors, c'est maintenant, la fin de la science ? L'avénement d'une ère vraiment post-moderne ? Ooooh, abîîîîme ! Après l'expérience-limite des sens, l'expérience-limite de l'esprit...

Et voici pour finir sur une note plus légère (enfin faut voir, vous allez comprendre), last but not least, l'expérience-limite de la gastronomie dans le Grin Nord, à savoir : le burger de caribou avec confiture d'oignons et des frites trempées dans une sauce rose au basilic !! Le tout dans un fast-food belge bien connu ici, "Frites alors !", conçu par des fans de Tintin en Amérique (je parle pas de l'album, mais de fans américains du petit reporter). Eh ben, c'était 'achement bon ! De quoi revenir les pieds sur terre... métaphoriquement et physiquement !

Je diffère (mais c'est pour la dernière fois, promis !!) l'expérience-limite qui a été la première en date; je vous en parle demain, croix de bois croix de fer si je mens je vais en enfer.

So, see you tomorrow   

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Commentaires
T
Aaaah, je savais bien que ce steak de caribou ne tomberait pas dans l'oreille de sourds !!<br /> Si vous le plébiscitez, je suis prête à ouvrir une nouvelle catégorie intitulée comme ci-dessus avec des critiques des restos ou des spécialités du marché que je me tape, suis tapée, ou taperai ! J'ai déjà qqs bonnes adresses... Ceci en vue de votre prochain séjour à Montréal bien sûr !<br /> Merci pour vos mots d'encouragement, ça réchauffe... Et t'en fais donc pas Olivetti, le prochain message ne retombera pas vers les nourritures terrestres, alors qu'il s'était tant élevé vers les sphères célestes...<br /> <br /> Des bisous
G
que dire de plus ! auusi vrai que ( je cite ) " le silence qui suit une composition de beethoven, c'est encore du beethoven " ce texte est magnifique et trés plaisant a lire, j'aime ce genre d'ambiance et ton resentie est trés bien decrit ! pour citer le precedent message p, il est dommage ( pour moi )que ce texte s'acheve sur une note culinaire ! bisous et a demain pour le grand SCOOOOOOP !
J
C'est impressionnant, tes mots font comme un écho de l'expérience totale que tu vis, de façon masquée, sans doute, mais suffisamment explicite pour éveiller çà et là des souvenirs de sensations similaires...j'aplatis des platitudes, j'enfonce des portes ouvertes, c'est ça qu'on doit appeler la vacuité! <br /> Ce dont je suis certain, c'est que tu as bien de la chance de participer à cet apprentissage phénoménal non-classique. <br /> Bon,il faut que je t'avoue que ton burger de caribou me botte trop! Voilà, c'est dit. Gourmand je suis, gourmand je reste. Du coup, ça me fait aussi revenir les pieds sur terre, il faut que je mange...<br /> <br /> Bises.
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