Va-t'en voir à Montréal si j'y suis
Tout d'abord, bravo à la Sof', dont la culture et le sens du (dé)clic nous sidèrent tous, y compris outre-atlantique. Eh les copains, vous avez vu les premières photos que j'ai mises ??
Hum hum, reprenons le fil.
Le lendemain du retour à la cyber-civilisation, je suis allée tailler une bavette avec ma futur coloc, Aurélie, autour d'un brunch maison (pas d'une bavette à 10h du mat', tout de même). Elle est d'origine belge, mais bourlingue au Québec depuis huit ans déjà ! La coloc idéale pour les bons plans en ville, donc. On a bien discuté, théâtre notamment... Je pense m'installer ce week-end, si tout va bien, quand mes parents arriveront rue Drolet. L'appart est situé sur Saint-Denis (rien à voir avec son homonyme parisien...), il est vraiment chouette, j'ai tout de suite aimé, spacieux, tout en longueur, deux balcons dont l'un donne sur une cour très calme; ma chambre est pour l'instant décorée à la spartiate, mais qu'à cela ne tienne, à moi de lui donner un peu de mon âme... Maaa ne vous en faites pas, je prendrai des photos dès que j'y retournerai, pour vous donner une ch'tite idée de l'endroit ! Affaire à suivre.
Le lendemain (la vache, je sais déjà plus quel jour c'était... voyons... oui, ça devait être mardi. Ah ouais ??!?), Saint Momo, patron des âmes esseulées entre Halifax et Vancouver (préfère viser large, pour pas me gourrer), a emmené le nouveau Lazare bizarre que je suis faire un tour en ville et en char. J'ai pu revoir avec une certaine émotion les différents lieux que je connaissais, que je n'avais pas oubliés, mais pour lesquels un rafraîchissement de mémoire s'imposait, la looongue rue Saint-Denis, l'une des plus animées, le Vieux-Montréal et ses pavés tape-cul surtout en bagnole, la populeuse place Jacques-Cartier où se dresse l'hôtel de ville et les stands de caricaturistes comme à Montmartre, le port, le Mont-Royal où se dresse... mon université (gloups), le boulevard Saint-Laurent, colonne vertébrale de la cité, son cardo en quelque sorte, qui la coupe en Est grunge, limite crasseux et francophone et Ouest policé, affairé et anglophone. Alors que le soir tombait sur le lac aux Castors, nous nous sommes arrêtés sur le belvédère qui domine tout Montréal pour jouer les touristes. Le résultat sur le blog ! Comme ça, vous pourrez enfin mettre un visage sur l'inénarrable Maurice (oui, c'est son vrai nom, mais je vous l'ai déjà dit, non ?)
Cet aperçu aussi condensé qu'instructif nous ouvrit l'appétit, qu'il nous fallut assouvir dans l'une des tavernes chic du quartier italien d'où nous étions partis. Ca s'appelait "Lucca", et c'est l'un des meilleurs filets de boeuf Rossini que j'ai jamais mangés ! Tout en soupant (ça m'amuse de parler de souper quand on se tape des plats aussi maousses que ceux servis dans les restos québécois), on jasait de la vie en milieu glaciaire. J'ai l'impression que je ne suis pas au bout de mes peines ! les -35°C (eh oui, n'oubliez pas le facteur Humidex ! Ja-mais !) et les tempêtes de neige... les parties improvisées et incontrôlées de hockey sur trottoir sans batte ni palet (à part son bonnet)... les corvées de pelletage devant ta porte alors que t'es déjà en retard pour le premier cours de la journée... les gravillons arrimés à tes bottes qui retapissent ton plancher façon jardin zen... Tous ces détails folkloriques qui m'échappent encore, et que je ne vais pas tarder à apprécier.
Le nez plongé dans les rapini (une sorte de légume rital entre le broccoli et l'épinard, super bon !), j'évoquai également mon trouble quant à ma nouvelle situation. Evidemment, il fallait bien que je fasse mon intéressante à ce dîner mondain ! Jusqu'ici, je venais avec mon visa de touriste, qui plus est à la belle saison, la bouche en coeur et sûre de reprendre l'avion avant la venue des frimas. Je me réjouissais de la douceur de la lumière à la fin de l'été, j'attendais avec impatience que les érables se teignissent de carmin, d'or et de pourpre (ah! l'imparfait du subjonctif !), je savourais la tiédeur de l'air quand il soufflait du fleuve. Mais aujourd'hui, finie la poésie de comptoir ! Voici venu le temps du doute et de l'asphyxie. La réalité est : comment s'adapter à un climat si différent, dans une ville certes aimée mais encore inconnue quand il s'agit d'y vivre, entourée de gens sympathiques mais étrangers ??? Et Momo, dont le sang-froid et le charisme m'impressionnent à chaque coup : "Tu verras, tu vas aimer ça, et puis t'es venue en été, donc t'as tout le temps pour rentrer dans l'hiver sans douleur. Regarde, moi, je suis bien arrivé du Bénin, et je m'y suis fait !" Quand vous voyez le bonhomme, vous comprenez pourquoi. Mais moi, si frêle et si peu résistante ? Bon là j'exagère un peu - quoique - mais quand même je suis pas le genre à balancer dans la jungle avec une tente et des asticots pour tout pique-nique. Ok, c'est pas ce qu'on me demande non plus, je suis dans un pays civilisé, qui a l'habitude du froid et qui y est tout à fait adapté (je serai jamais partie sans ça !). N'empêche. J'ai les boules quand j'y pense, parfois.
Bon, je suis fatiguée d'avoir autant réfléchi avec mes doigts, et puis j'ai pas encore téléchargé les photos promises. Demain, si le temps le permet, je vous raconterai mon premier contact avec la planète UdeM, qui a eu lieu aujourd'hui, et, si j'en sors vivante, les suites de cette rencontre du 3ème cycle.
D'ici là, j'ai besoin d'une bonne nuit de récup.
Salut les amours !