Gens d'aut' payyyys, c'est votre toouuur...

... de vous laisser bercer par le BEI !! Mais qu'est-ce que le BEI, me demanderez-vous, si vous n'êtes pas complètement endormis (car, à l'heure où j'écris, il est tout de même 5h30 du mat' chez vous autres) ?

C'est très simple, bande d'ignorants !! (j'adore m'énerver toute seule derrière mon écran !) le BEI est le Bureau des Etudiants Internationaux, la place où les bleus venus d'ailleurs viennent se casser le nez quand ils ont vraiment besoin d'un renseignement. J'exagère un peu (en fait, j'exagère souvent dans ce blog), ils sont serviables, gentils, attentionnés... et peuvent éventuellement te répondre, si tu sais chercher l'info par toi-même sur leur site internet.

Hier après-midi, je me suis donc rendue, le coeur léger et les cheveux au vent, à la toute première réunion organisée par le bureau susdécrit. Tout' pre-mière fois chez les Qué-bé-cois ! Un jeune homme blond à carreaux, avec un accent à couper au couteau suisse (je saaaiiis, ici c'est NOUS qui avons un drôle d'accent pour EUX, mais là j'ai l'droit de dire, c'était une réunion pour étrangers !!), entre, rigolard, dans la salle, il est suivi d'un grand Antillais qui nous demande, après nous avoir remercié d'être venus en avance, de déposer sur un coin de table CAQ, passeport et permis d'études, les Graal indispensables pour la geste estudiantine en contrée amérindienne. Du moins je pense que c'est ce qu'il nous a demandé, car le québécois mâtiné de créole, j'ai encore un peu de mal à capter.

Après plusieurs minutes où le duo comique a joué à "commencera ? commencera pas ?", la séance a, devinez quoi ? commencé. Le blondinet a voulu lancer son powerpoint (à prononcer avec un très fort accent amerloque), mais la machine est capricieuse, c'est là son moindre défaut. Tout sourire, le bûcheron se retourne vers nous pour nous faire : "ce s'ra pô long !", subtil stratagème pour faire comprendre à l'audience qu'elle n'est pas prête d'aller s'ébattre au soleil sur le Mont-Royal, pourtant fort agréable à cette heure-ci. Et d'ajouter : "Faut êt' patient", remarque qui, en général, suscite en moi une certaine nervosité. Cette petite phrase magique a été d'ailleurs le leitmotiv des deux heures à suivre, à chaque fois que l'ordi se mettait en chômage technique, c'est-à-dire assez souvent. Pourquoi tant insister sur la présence, somme toute banale, de ce powerpoint à cette réunion des caves ? C'est qu'en fait, nous ne le savions pas encore, mais il était la réunion en lui-même, de A à Z. Eh oui, nous avons fait des milliers de kilomètres pour qu'on nous lise un powerpoint qu'ils auraient très bien pu nous envoyer par courriel ! Et quand je dis TOUTE la réunion, c'est vraiment tout, du "Bienvenue à Montréal", à "c'est ici que s'achève cet atelier; vérifiez que vous n'avez rien oublié, que vous avez pris une pochette, que vous avez pris la porte correctement c'est-à-dire pas dans la gueule (non, ça c'est moi qui délire) et passez une bonne fin de journée, une agréable soirée, une nuit enchanteresse et un réveil époustouflant, et n'oubliez pas les croissants et le Nutella pour les enfants", en passant par "et maintenant nous allons prendre une pause de cinq minutes"; TOUT était écrit noir sur blanc. C'est ça, le style québécois dans les briefings, pardon les ateliers d'informations.

Le meilleur moment, enfin celui où j'ai failli me réveiller, fut l'explication et la description des symptômes du choc culturel. Oui, le choc culturel est une maladie, un trauma qui peut causer en vous des dommages irréversibles, mais c'est trop tard pour vous car l'avion est reparti et vous v'là tous seuls à Montréal avec vos bagages, ah, ah, ah ! Le virus se déclare par : la fatigue (mais le décalage horaire aussi, fait que...); l'insomnie ou l'hypersomnie, comportement de fuite de la réalité (je savais bien que je vivais dans un rêve éveillé); l'envie de retourner au pays (noooon ! sans blague ???); les coups de fil répétés aux parents, amis, animaux domestiques, bref à n'importe qui susceptible de vous sortir de là !!!; le manque d'entrain; les maux de tête ou de ventre. Alors, c'est grave docteur ?? Noon, rassurez-vous, car voici maintenant les moyens de combattre le fléau ! : sortir; amorcer des contacts avec les autochtones (même si c'est pas facile, compte tenu de la langue); vivre leur quotidien (m'est avis qu'on aura bientôt l'occase). Et le powerpoint blond de conclure : "Il n'y a pas de recette magique contre le choc culturel (authentique !). Le mieux à faire, c'est d'attendre le temps qu'il faudra pour s'adapter". Hips ! Deux gélules de PWP et ça va mieux.

Ca, c'est quand les réunions ont lieu. Le must, c'est quand elles sont prévues, mais que personne n'est là pour animer, ni pour écouter d'ailleurs, comme celle du lendemain, où nous étions deux pauvres étudiantes en détresse. Heureusement, notre nouvelle copine, Nathalie, la gestionnaire des dossiers étudiants en littérature comparée, nous a prises sous son aile. Là, je me dois d'arrêter les sarcasmes pour être honnête : jamais en France on a vu autant de gentillesse et de dévouement dans un service administratif pour seulement 2 sous-m..., pardon, pour des étudiants. Elle répond aux questions sans s'énerver, elle explique tous les détails, et elle permet même qu'on la tutoie ! Vous imaginez ? Même avec les professeurs le contact est plus détendu, tellement moins hiérarchique que chez nous. Enfin une université où les doctorants ne sont pas considérés comme des esclaves ou des parasites du système, où ils sont vraiment inclus dans la recherche avec l'ensemble de leurs compétences (car elles existent, première nouvelle !), où leur bien-être compte.

Avoir la chance de vivre cette expérience, ou du moins - car il est trop tôt pour dire où tout cela va nous mener - savoir que c'est possible sur terre, rien que pour ça, ça vaut le coup d'aller voir des gens d'aut' pays...   

Comments

[gallet.olivier]

Incroyable ! ce que tu nous decrit la ! non vraiment toutes ces emotions ( vecus ) font resurgir en moi des instinct de voyage ! moi aussi je veut vivre ces moment grandioses de depayssement, ces interactions jouissives avec le monde des " possibles " mon esprit reclame encore de ces friandises de l'autre monde, de ces connexions avec ces peuplades rigollotes, avec ces coutumes informatique et autres domaines du possible ! Bon sinon de toute maniere le principal c'est de vivre l'évenement telle qu'il se presente et selon l'humeur, d'en rire d'en pleurer ou alors de le mettre en ligne sur ce blog de maniere a nous faire voyager dans la quatrieme dimension, outre le fait de te lire ( avec grande attention ) je vais essayer de t'envoyer un message par g.mail, il est dit que je n'essayerais pas tout les moyens en ma possesion pour te joindre ! alors gros bisoux a tatiana du blog et a tout de suite tatina du mail. et sinon bon week-end a la planete terre et a ses locataires ( b.e.i.) inclus.