Choeurs antiques
Avant de me coucher, je voulais rapidement partager avec vous la belle découverte de la fin de semaine : une création sud-africaine, "Molora", à base du vieux mythe d'Oreste, Electre et toute la clique, à la Cinquième Salle, un théâtre de la Place des Arts, le grand complexe souterrain du centre-ville entièrement dédié, comme son nom l'indique, aux arts.
Des Grecs aux Amériques ! eh oui, je n'y croyais plus, tellement ici le théâtre contemporain est orienté... contemporain!
La légende des Atrides a été réécrite pour l'occasion sur fond d'apartheid; la vengeance n'est pas un cycle infini, il est brisé par le pardon. La blanche Clytemnestre est épargnée par ses deux terribles enfants noirs, malgré la trahison et le meurtre d'Agamemnon. On peut se demander quel est le message de cette réécriture : finalement, la Mère blanche est saine et sauve, car c'est elle qui a "nourri" le continent africain ? Je ne veux pas m'apesantir sur le sens, je connais trop mal l'histoire de l'Afrique du Sud, mais ce qui m'a émue jusqu'aux larmes, ce sont les choeurs revisités par les chants traditionnels, qui commentaient l'action à la manière "ancienne", ou encourageaient l'initiation d'Oreste. Ce choeur si unique en son genre balançait heureusement la violence du jeu et du texte. Clytemnestre notamment était une sorte de mutante alcoolique, très drame anglo-saxon, à la voix rauque, limite inquiétante, mais aussi assez caricaturale; on comprend le parti-pris de retour à l'instinct, à la primitive violence, mais il y a des limites à ne pas franchir pour éviter de sombrer dans le ridicule.
Bon, c'est tout pour aujourd'hui, j'y reviendrai peut-être, car en me relisant je trouve que la critique est pauvre. Mais lo lo, je commence à avoir sommeil !
A bientôt, et Janus, c'est qui ta bande de dongues ?? J'ai hâte de les connaître ! ;)
Becs en gros et en détail