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Va donc, hey !... Tabernak...
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Va donc, hey !... Tabernak...
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12 septembre 2008

Dangerous liaisons (VNO)

Attention, avertissement : vous devez prononcer : "daine-jeu-rousse li-é-zonsse", pour être dans le ton décadent-fin de siècle. En effet, la version montée au Sidi Braufman Theatre n'était pas en français dans le texte, mais dans la langue de Shakespeare. Il faut dire que le lieu est un centre culturel juif, et que les Juifs sont majoritairement anglophones à Montréal (c'est malheureux mais c'est comme ça). J'ai donc dû produire un effort absolument surhumain pour suivre pendant trois heures les dialogues d'une intrigue dont j'avais, dieu merci, cousu bien avant les fils à travers ma lecture du roman dans sa langue d'origine, qui, par la plus grande des coïncidences, se trouve être aussi la mienne. Et bizarrement, j'ai presque tout compris ! je veux dire, même les mots anglais employés, pas uniquement qui couchait avec qui ! étonnant, non ?

Ca m'a fait du bien cette petite remise à niveau intensive. Quant au spectacle, ouais, pas mal, mais un peu décevant au fond (surtout pour un premier spectacle dans la ville de mes rêves !). Le décor promettait beaucoup, en arrivant dans la salle j'ai été vraiment intriguée et impressionnée par ces grands murs sombres aux discrets lambris d'or, couverts de hautes glaces, qui coupaient la scène en une légère diagonale ouvrant sur un imposant lit à baldaquins fleuris, suspendu devant un amas hétéroclite de chaises, fauteuils et accessoires de théâtre à l'aspect poussiéreux. Première réflexion que je glissai subrepticement, mi-rigolarde, mi-sérieuse, à l'oreille d'Aurélie : "Le public va passer son temps à se regarder dans les miroirs, c'est horrible !". Mais je me suis laissée avoir par ma plaisanterie: plusieurs fois durant la pièce, je me suis surprise à mater le reflet un peu déformé des spectateurs, spectatrice de moi-même ! Et vous savez quoi ? C'est assez troublant. Comme si ce qui se passait sur scène nous concernait directement, nous, alors que nous nous croyions innocents, détachés des petits crimes entre amis qui s'y déroulaient. Comme pour dire au public : "regardez, ces gogos à plumes qui se pavanent, ces hypocrites éhontés, toujours prêts à détruire leur prochain, c'est vous...". Une façon bien provocante de remettre les pendules à l'heure n'est-ce pas ? Le stratagème était diabolique, dantesque ! Un trait de génie ! Eh bien la flèche est tombée à l'eau, parce qu'on avait du mal à y croire. Les miroirs auraient dû nous impliquer davantage, nous faire réfléchir, dans tous les sens du terme, et au lieu de cela, on passe son temps à se demander, mais à quoi tout cela rime-t-il ? Les mouvements chorégraphiques notamment, les pauses très "studio", le passage du vaudeville aux effets tragiques complètement ratés (pour ça les Anglais sont terribles, ils se marrent pour tout et pour rien, à aucun moment ils ne se laissent happer par l'émotion ! coriaces les Spare Ribs...), étaient, j'ai de la misère à le dire, ridicules. Au point que j'en étais gênée pour les comédiens, et pour nous ! Ok, certains jeux de scène comiques étaient voulus, mais le sujet de la pièce était trop à l'opposé pour que le public ne s'y perde pas. Résultat : on se fend la poire à la mort de Valmont, tué d'un coup de fleuret par le pâlot chevalier D'Anceny, car sa dulcinée, "Madame de Tourvelle", fraîchement suicidée, vient, zombie extatique (mais même vivante elle marchait ainsi), l'arroser de pétales de roses qui se répandent autour de lui, le clown blanc, sur son dernier joli drap blanc.

Bon, il faut relativiser. Peut-être que ce jeu ambigu, frisant le pathétique pour de rire, était tout à fait l'idée du metteur en scène, Alexandre Marine. D'ailleurs, elle est très bien servie par les comédiens, qui y mettent une belle énergie (celle du désespoir ? Rrrhaa, mauvaise langue !!), à part le zombie. Il nous mettrait effectivement en face de nous-mêmes, de notre consternante nullité, qui se pare de si beaux atours, paillettes, bons mots, étalage de culture, de relations, de rang, de sang... Oui, pourquoi pas. N'empêche que j'aurais aimé, à un moment donné, me sentir interpellée, non par mon beau reflet narcissique dans la Galerie des Glaces, mais par un événement, sur le devant de la scène. Mais peut-être suis-je encore trop dans l'apparence des choses pour les comprendre...

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Commentaires
T
C'est un peu injuste ce que tu dis là !! je crache toujours mon venin, pas que en ce moment...<br /> Excusez-moi pour la bourde : en effet, le directeur est Régis Santon depuis maintenant vingt ans, et c'est à lui que j'ai serré la main (et qui m'a accueillie lorsque j'ai fait mon stage en entreprise de 3è !); mon erreur est donc impardonnable, d'autant plus que Roger Planchon a déjà monté au Monfort (oui, en plus, j'ai fait une faute d'orthographe sur le nom, horribile dictu, en confondant ce monstre sacré des planches avec le plus impayable des chroniqueurs sportifs, de l'avis des trisomiques). Du coup, je ne sais plus si c'est la femme de Roger ou de Régis que j'avais pas aimée...<br /> Peu importe, ça m'apprendra à jouer les méchantes. <br /> Quant à Wajdi, j'ai des choses à vous dire... mais motus à présent ! la suite sur les pages du blog...<br /> Rétablis-toi bien, Bruce !
C
C'est vrai que tu craches pas mal de venin en ce moment. Y aurait-il une raison précise?<br /> <br /> Après vérification, le théâtre Silvia Monfort a été construit en 1986 par l'architecte Claude Parent à la demande de la Mairie de Paris; Silvia Monfort est directrice du théâtre, jusqu'à son décès en 1991. La même année, la Mairie de Paris propose à Régis Santon de prendre la direction du théâtre. Régis Santon est toujours directeur du théâtre aujourd'hui.<br /> <br /> Le théâtre a piqué ma curiosité! En novembre, je pense aller voir la dernière pièce de Wajdi Mouawad (d'ailleurs, tu n'auras pas des nouvelles de lui, par hasard?); en mars-avril, cette pièce de Ionesco; et en novembre encore, y a de la danse contemporaine qui peut être intéressante.<br /> <br /> Je ne sais pas encore si je ferai du théâtre cette année. En attendant, je me suis fait ma première blessure sportive... A la cuisse. Il semblerait que ce soit une déchirure. Ca me casse les pieds.<br /> <br /> Continue à nous informer par ton blog, pour je puisse moi aussi cracher mon venin. (Ce blog va se transformer en bureau des venins)
T
Comme je l'ai dit dans le message, il faut toujours relativiser la critique, surtout quand elle est à plus de 50% négative. C'était un beau spectacle, techniquement parlant, même si on a déjà vu ce genre d'interprétations néo-libertines qui ne choquent même plus ma grand-mère. C'est moi qui fais ma difficile, qui attendais beaucoup et suis restée sur ma faim. Mais je dois avouer que les contorsions de Valmont m'ont bien fait rire...<br /> Heureuse de voir que tu continues à aller au théâtre Christophe ! peut-être en feras-tu aussi cette année ??... Si tu vas voir cette autre pièce de Ionesco qui se fait plus rare sur les planches, n'hésite pas à venir en parler sur le blog, on va ouvrir une boîte de dialogue sur la scène parigo-montréalaise ! Roger Planchon est le directeur du Sylvia Montfort, j'ai eu l'occasion de voir quelques-unes de ses mises en scène (et de lui serrer la pince aussi, mais ça, c'est pour faire ma mondaine), c'est pas mal en général... s'il fait pas jouer sa femme...<br /> J'arrête de cracher mon venin. A bientôt !
C
Bon, manifestement cette pièce n'était pas au top niveau... Mais ce n'est que pour mieux apprécier celles qui sont vraiment bien!<br /> Si on ne voyait que des pièces géniales tout le temps, je crois qu'on finirait par se lasser. Et finir par réclamer aux metteurs en scène des pièces volontairement ratées.<br /> <br /> Hey! A propos de pièces, j'ai sous les yeux le programme du Théâtre Silvia Monfort, et je vois qu'ils vont jouer "Amédée ou Comment s'en débarrasser" d'Eugène Ionesco, mise en scène de Roger Planchon (du 4 mars au 19 avril):<br /> "Amédée est un écrivain qui n'arrive pas, depuis 15 ans, à écrire une ligne. Il vit avec sa femme Madeleine dans un petit appartement où ils ne perçoivent du monde que les bruits de l'immeuble.<br /> Madeleine fait vivre Amédée et le lui reproche aigrement. Elle est standardiste et travaille sur un petit standard installé dans l'appartement.<br /> Un cadavre vit avec eux, image de l'obstruction à l'amour qui pouvait être entre eux. Ce cadavre a la 'maladie incurable des morts': la progression géométrique. Durant les 3 actes, il grandira jusqu'à pousser les portes, les meubles, envahir l'appartement. Tandis que, symboles de la décomposition, des champignons pousseront partout.<br /> Amédée pourra-t-il se débarrasser de ce cadavre?"<br /> Comme dans "La Cantatrice Chauve", on retrouve un univers absurde, et un constat lucide sur les relations humaines (en l'occurrence ici le couple et l'usure du couple). Je vais peut-être y jeter un petit coup d'oeil, moi.
T
Tout d'abord merci Oliv pour ce beau compliment (en même temps tu m'en fais à chaque fois, donc...) : ainsi mes piètres talents critiques auront le privilège de vous faire rigoler, et c'est bien ça le but. <br /> Petit rappel : il faut regarder à droite de votre écran, je commente vos commentaires ! et il me semble avoir dit que tu pouvais donner la solution à la première énigme mon cher... à moins que tu l'aies déjà oubliée, après tout ce temps ?<br /> Armando my beloved monster, t'inquiète, moi non plus j'ai pas compris grand chose à cette pièce finalement !! dantesque veut dire "d'une façon que Dante lui-même n'aurait pas reniée". J'ai déjà donné pour les cours à domicile chez toi, j'ai pas le goût du martyr ! ;)<br /> Pour Syd, mea culpa, c'est vrai que j'ai pas répondu tout de suite, je le ferai bientôt, en privé ou sur le site, s'il continue à y venir même après ce camouflet "éhonté" de ma part...<br /> Voilà c'est tout pour aujourd'hui !<br /> <br /> Bisous, bonne nuit.
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