Un aperçu des realia...
Salut les copains !
Pause comique aujourd'hui : je vous transfère un petit lien, un nouvel épisode des Têtes à Claques, intitulé "le Toaster". Peut-être certains d'entre vous connaissent cette série venant du Froid qui réchauffe les zygomatiques
http://tac.tv/video.php?vid=871
Ah oui, le "toaster", c'est le grille-pain, en bon français... et on dit que le Canada est la relève de la francophonie ! Laissez-moi pouffer !! ;)
J'apprécie que vous réagissiez aussi vivement aux bêtises que je peux écrire. Oui, Cap'tain, l'interblogalité (nouveau sujet de recherche à mettre sur le marché !) s'avère fructueuse, développe les connexions d'idées, de techniques et de socialités à l'infini ou presque. Tu as choisi l'engagement politique 'achement prononcé. Cela vient de ta personnalité, de ton parcours qui t'a mené du Mexique à la France puis au Québec si j'ai bien compris ce que tu disais sur ton site, de ton goût pour l'action, la nouveauté, pour le sport aussi, surtout pour le sport de combat... bref, tu aimes être sur le ring ! Pour ma part, compte tenu de mon histoire et de ma toute petite expérience de la vie, j'ai adopté un chemin plus pantouflard, je le reconnais, qui me sied à merveille.
La littérature, l'écriture, le théâtre, c'est tout pour moi, et les uns ne vont pas sans tous les autres. Evidemment, dit comme ça, ça semble grandiloquent, excessif, mais ça correspond à une vérité très intime. C'est par les livres que je suis née au monde. Du moment que j'ai appris à lire - ce qui a été étrangement facile - j'ai eu besoin de livres, comme d'une drogue (je mettrai tantôt en ligne un texte que j'ai écrit il y a quelques mois sur mon rapport avec les bouquins). A la fois pour me raccrocher à la réalité et en sortir. C'est difficile à expliquer, ce genre de sentiment contradictoire (mais vous avez remarqué, car vous êtes perspicaces, que TOUS les sentiments qui comptent appartiennent à cette catégorie hybride !). La littérature n'est pas un prétexte pour celui qui cherche à fuir les responsabilités, un refuge au pays des rêves (enfin pas toujours); bien au contraire, elle éclaire d'un jour nouveau la réalité qu'on ne perçoit plus, brouillés que nous sommes avec les choses banales, elle va au coeur des choses, les épuise et les regénère. Elle nous les transmet donc, dans leur naïveté, leur complexité, leur absolu, leur étrangeté.
On pourrait dire, en assumant à fond le côté mégalo, que je fais de "l'art pour l'art" dans ce blog. A quoi ça sert ? A rien, et il n'y pas lieu de s'en inquiéter. Sauf que c'est un rien qui prend du temps, de l'énergie oculaire, et qui rend beaucoup de plaisir et de satisfaction. La place du rien, de la futilité, de la vacuité, est très importante à mon sens. Je ne conçois pas ma vie sans le rien. C'est fou à dire, non ? Surtout à notre époque où tout est saturé en permanence, de rendez-vous, de travail, de loisirs (oui, le loisir, domestiqué par un emploi du temps bien rempli, est aujourd'hui complètement intégré au cadre des affaires pressantes), de messages, qu'ils soient personnels, publicitaires, revendicatifs, écrits ou imagés, réels ou virtuels... Tenez par exemple, revenons cinq minutes sur le spectacle de Wajdi (m'est avis que j'y reviendrai souvent), mentor et poète : son théâtre est "plein", il n'y a pas de vide, tout fait sens, tout est technique, mouvement, interrogation, engagement; c'est ce qui fait de lui un grand metteur en scène contemporain : il a totalement saisi l'essence de la modernité, et le plus fort, c'est qu'il réussit à en faire quelque chose, en plus de beau, de touchant, de neuf et de visionnaire, au lieu d'être noyé dans le flux du quotidien. Mais il a les défauts de ses qualités : que fait-il du vide ? Vous verrez la très longue scène finale, elle est symptomatique : l'homme, seul donc, peuple de lui-même son espace, se dédouble, se multiplie, se copie-colle, y projette les fruits de son imagination, à satiété. Dans Forêts aussi, les histoires emboîtées des personnages créent cette impression d'enfermement, de saturation, voire d'étouffement. Mouawad, c'est un artiste qui étouffe, et qui use de tous les moyens pour échapper à l'asphyxie.
Tout le problème apparaît quand on veut créer du vide, spécialement dans les arts visuels ou plastiques. Enfin pas en créer - il est toujours là, présent, entre les mots sur une page dactylographiée, entre le décor, les accessoires, les corps sur une scène, entre comédiens et spectateurs, entre les traits de crayons ou de pinceaux sur un tableau, même s'ils sont infimes, dans la structure des bâtiments, qui sans lui se casseraient la figure - mais plutôt aller à sa rencontre, le retrouver, lui donner sciemment la place, bref, refuser de se faire bouffer par lui MAIS sans lutter contre son oppression, affirmer notre coexistence avec lui et l'accepter, tel que la Nature l'a accepté. Voyez-vous une forme d'art (ou de vie) qui rend au vide ce qui lui revient ?